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HENRY FIELDING

Henry Fielding n’est guère connu en France que par une mauvaise imitation de Tom Jones, publiée en 1750 par Laplace, et précédée d’une lettre burlesque adressée à l’auteur par le traducteur. Entre autres choses curieuses et dignes d’être méditées, on y lit en toutes lettres que si Henry Fielding avait eu le bonheur d’écrire pour le peuple le plus spirituel de la terre, il n’aurait pas manqué de supprimer dans son livre tous les passages de mauvais goût que son judicieux imitateur a fait disparaître. Après un certain nombre de complimens, dont Laplace ne néglige pas de s’attribuer une bonne part, il conclut en priant Fielding de lui voter des remercîmens pour le service immense qu’il lui a rendu en corrigeant ses principales fautes.

Ceci s’écrivait en 1750. Quatre-vingts ans plus tard, l’année dernière, un homme d’esprit et de goût, qui sans doute alléguerait au besoin d’excellentes excuses, faisait subir aux Contes d’Hoffmann la même mutilation officielle ; outre l’élégance et la facilité du style qui le distinguent de Laplace, il a mis d’avance les rieurs de son côté, en ne confiant pas au public sa supercherie, et surtout il a eu le bon sens de ne pas troubler les manes d’Hoffmann pour les prier de le remercier.

Or, il n’est guère possible aujourd’hui de prévoir où et quand