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ils se confessaient à haute voix et disaient leur chapelet avec la plus grande dévotion. Un grand nombre de ceux qui semblaient les plus inquiets sur le sort de leurs parens et de leurs amis, n’avaient pas oublié, au milieu de leurs alarmes, de conserver les images de leurs saints et leurs crucifix, souvent de grandeur naturelle, qu’ils portaient sur leurs épaules malgré leur pesanteur. Les bateaux du port qui servent à charger et décharger les marchandises, amarrés à cent pas du rivage, restèrent soudainement à sec. On craignit alors que, comme à Callao, la mer ne se retirât pour rentrer après avec force dans le port, mais ce malheur n’arriva pas. »

Santiago est la capitale du Chili, et la route pour y arriver de Valparaiso passe sur deux hautes montagnes nommées Cuestas. Les habitans de cette ville sont hospitaliers et recherchent la société des étrangers. Leurs plaisirs favoris sont la danse et la musique ; ils sont aussi grands joueurs, le monte est leur jeu le plus ordinaire. La sala ou salon, dans lequel on reçoit ordinairement, est meublé dans les maisons élégantes de la ville ; mais ordinairement il n’y a qu’un estrado ou plate-forme, faisant face à la porte, de six pouces de haut, de quatre ou cinq pieds de large, couvert de nattes ou de tapis, sur lesquels s’asseoient à part les femmes de la maison et celles qui viennent les visiter. Les hommes se placent sur des chaises, dans différentes parties de la chambre ; ils fument leurs cigares, parlent politique et adressent rarement la parole aux femmes, qui, de leur côté, fument aussi leurs cigarillos, faits de tabac roulé dans des morceaux de feuilles de maïs. Les dames du Chili ont une prédilection marquée pour les étrangers, parce qu’au mépris des habitudes du pays, ils s’associent à leurs jeux, à leurs conversations, et les accompagnent en chantant. Du reste, la société des femmes du Chili, comme dans toutes les autres parties de l’Amérique du Sud, est de beaucoup préférable à celle des hommes. Jamais les femmes ne portent de bonnets ; elles couvrent leur tête en sortant avec un châle ; leurs beaux cheveux noirs sont, en effet, un bien plus bel ornement que toutes les coiffures possibles. Les rues de Santiago sont bien pavées, et sur les côtés elles sont dallées en porphyre de San