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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

qui condamnaient à l’oubli toutes les œuvres séculaires de la routine ou du tâtonnement. Je ne négligerai pas cependant d’insister sur cette vérité, que depuis cinquante années seulement il existe des cartes ressemblantes. Nous devons nous faire honneur également du commerce éclairé des gouvernemens et des peuples qui se communiquent à l’envi leurs découvertes et leurs travaux, et sollicitent même ceux des étrangers sur leurs propres rivages, en reconnaissant la supériorité de leurs lumières et de leurs observations.

La marche que suivit le progrès des découvertes dans l’intérieur des terres eut des rapports directs avec la richesse des pays visités, leur climat, la civilisation de leurs habitans et le cours des rivières qui les arrosent. Ainsi, le Pérou et le Mexique possédaient d’immenses richesses métalliques en exploitation qui offraient aux Espagnols un appât irrésistible ; des peuples civilisés et puissans en avaient la jouissance ; pour la leur enlever, il fallut les vaincre, et pour que les fruits de la conquête fussent durables, elle dut comprendre la totalité du pays en éteignant tout espoir d’un retour de fortune. Les lumières des Péruviens et des Mexicains ne servirent qu’à rendre leur servitude plus complète et plus prompte. Les ressources qu’ils possédaient, les communications qu’ils avaient établies, facilitèrent les succès de leurs vainqueurs ; ces armes furent tournées contre eux. On suppléa au nombre par la ruse, on sema des divisions, la guerre civile fut organisée, l’épithète d’indispensable justifia les actes les plus atroces, et l’on fit subitement irruption dans toutes les parties du territoire. Presque partout les conquérans se reposèrent sur leurs lauriers ; la découverte de mines nouvelles, des espérances fondées ou trompeuses leur rendirent seules de l’activité.

Quelques peuplades ne furent accessibles qu’aux zélés missionnaires qui pénétrèrent avec la plus grande difficulté dans les pays montagneux de Tarma et de Huanaco, chez les Payansas, les Setebos, les Callisecas et les tribus d’Indios bravos. Dans d’autres provinces, les progrès furent encore plus lents et plus pénibles ; des montagnes inaccessibles, des rivières débordées,