Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/315

Cette page a été validée par deux contributeurs.
301
EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

Vancouver, où le nom de Cook était encore vivant dans le souvenir de la peuplade. Le premier des habitans de l’ancien monde, il traversa l’Amérique septentrionale d’une mer à l’autre dans ces latitudes élevées ; car nous ne saurions oublier la pénible route d’Alvar Nunez Cabeça-de-Vaca, des rives de la Floride à la mer de Cortès. Les excursions intéressantes et hasardeuses de Hearne et de Mackenzie répandirent beaucoup de lumières sur la nature de ces froides et humides régions entrecoupées de rivières, de lacs et de marais que Franklin, Robertson, Long, Keating, etc., viennent de nous faire connaître plus complètement, et souvent même avec détail.

C’est ici qu’il nous faut regretter que M. de Châteaubriand n’ait pu exécuter le généreux projet qu’il avait formé, d’entreprendre à la manière de son pays, c’est-à-dire avec ses propres ressources et son seul génie, la reconnaissance terrestre du passage nord-ouest. Il voulait gagner les rivages de l’Océan Pacifique, les suivre vers le nord, et côtoyer ensuite de l’ouest à l’est les mers hyperboréennes. Si un plan aussi gigantesque se fût exécuté alors, le premier des écrivains de l’époque eût été aussi le premier des voyageurs.

Sans s’élever aussi loin au nord, plusieurs fleuves navigables présentaient des facilités pour tracer une nouvelle ligne d’exploration à travers le continent. Lewis et Clarke en profitèrent en 1804, et ce fut en suivant le cours du Missouri, du Jefferson, du Kouskouski, du Lewis et de la Colombia, qu’ils arrivèrent sur les bords du grand Océan, où s’éleva temporairement le fort Clatsop. L’année suivante, Pursley partit du Kentucky et pénétra le premier par cette route dans le Nouveau-Mexique, Pike explora la Louisiane occidentale, et suivit les rives du Kansas, de l’Arkansas et de la rivière Rouge. Pus tard, le major Long parcourut les mêmes contrées, en se rapprochant davantage du Nouveau-Mexique. Les directions principales de sa route furent celles de la Plate, de l’Arkansas et de la rivière Canadienne, qui le conduisirent au pied de la Cordilière, dont il fixa le premier les limites orientales. Dans une troisième course, il remonta le Mississipi et la rivière Sanglante, dont Beltrami vient de décou-