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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

gnole de cette époque rivalisa de talent et de précision avec les marins de l’Angleterre, et l’on a justement apprécié les belles reconnaissances de Galiano et de Valdès, ainsi que leur noble harmonie avec leurs émules. L’histoire conserve aussi le souvenir des travaux de Caamano, qui détruisit les dernières rêveries de Fuente par un examen soigneux du littoral qui s’étend du cinquante-et-unième au cinquante sixième parallèle boréal. Depuis, un grand nombre de navires de toute nation ont fréquenté ces mers, et l’on a obtenu des perfectionnemens successifs, qui s’étendent chaque jour.

Sans s’occuper de ses prédécesseurs, chaque capitaine des cinq nations exploratrices a baptisé dans sa langue, et d’après son amour-propre, les terres qui lui étaient personnellement inconnues. Les noms les plus opposés se groupent sur les mêmes îlots, sur les mêmes points de la cote N.-O. Nulle part la nomenclature géographique n’offre plus de confusion ; on ne proposera pas ici d’arrangement pour sortir de ce dédale de rivalités, mais l’occasion est favorable pour offrir une autre remarque ; quoique tardive, elle nous absoudra jusqu’à un certain point du reproche d’ingratitude. Les découvreurs du Nouveau-Monde sont des êtres entièrement historiques, je dirais même presque fabuleux, dont les noms n’appartiennent qu’à l’érudition, tandis qu’ils devraient être populaires. De même qu’aucun état de l’Amérique n’a élevé de monument à Colomb et à Cortez, de même aucun cap, aucune rivière ne rappellera à la postérité le souvenir des hardis navigateurs de l’Espagne. La reconnaissance due à ces grands hommes pourrait-elle être plus dignement consacrée qu’en les donnant eux-mêmes pour patrons à ces promontoires, à ces ports, à ces fleuves, qu’ils découvrirent pour nous au milieu de mille dangers, et sur lesquels planent encore leurs ombres négligées ?

Trois peuples se sont partagé la domination du nord de l’Amérique : la France a pris sa part de l’exploration, mais sans toucher aux dépouilles ; les Anglais ont étendu leur pouvoir nominal jusqu’à la mer du pôle, et leurs factoreries jusqu’aux montagnes Rocheuses ; les Américains, établis dans le vaste territoire