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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

rivières de Guallaja et d’Ucayale, firent connaître tous les avantages des communications du Pérou avec l’Océan atlantique par le fleuve des Amazones. L’attention se porta vers le même temps sur l’autre extrémité du Brésil, lorsqu’en 1767 finit cet empire évangélique du Paraguay, que les jésuites avaient fondé en 1580.

À cette époque la connaissance des côtes du Nouveau-Monde était devenue aussi complète que celle de l’extérieur de l’ancien continent. L’ignorance de leurs limites boréales était la même, et leurs rivages les plus rapprochés restaient également inconnus. Mais dès que le Kamtchatka fut découvert, et que le cosaque Lemoen Deschnew et les Tchoutskis eurent donné des renseignemens sur la position relative de l’Asie et de l’Amérique, on dut s’attendre à voir résoudre d’une manière définitive le problème de l’union ou de la séparation des deux mondes. Pierre-le-Grand s’occupa de cette importante solution, sa volonté puissante lui survécut, et en 1728, Vitus Behring découvrit le fameux détroit dont la réalité fit oublier la fable de celui d’Anian. Dans ce premier voyage, il n’aperçut pas le continent américain, où l’on prétend que Gwosdew et Tryphon Krupishew abordèrent en 1730 au soixante-sixième degré, c’est-à-dire près de l’entrée de Kotzebue. Ce ne fut que treize ans après, qu’accompagné de Tschiricow, de Steller et de Delisle de la Croyère, il découvrit les côtes du N. O., la péninsule d’Aliaska et les îles Shumagin ; alors les excursions des Russes de la Sibérie commencèrent à se diriger vers ces parages, ils explorèrent bientôt les îles Aléoutiennes et des Renards, découvrirent celle de Mednoi Ostroff, et s’élevèrent aussi loin vers le nord que les glaces le leur permirent. On dut ces reconnaissances à l’ardeur entreprenante des capitaines Navodtsikoff, Serebranikoff, Tolstyk, Drusimin, Glotoff, Synd, Krenitzin, Levashef, Solovieff, et du géographe Houdiakoff. Cette activité des Russes n’avait pas pour mobile une simple curiosité ; en 1768, le fameux Cheleghoff prit possession de Kodiack, et fonda le premier comptoir de la compagnie d’Amérique.

Les rivages qui séparaient les découvertes des Russes des possessions des Espagnols ne devaient pas rester plus long-temps in-