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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

d’émigrer en Amérique. Les prétendus droits des Portugais n’étaient pas mieux respectés que ceux des Espagnols. En 1555, Villegagnon avait voulu donner à Rio Janeiro un asile aux calvinistes ; son peu de succès et un pareil échec à Paraiba en 1583 n’avaient pas découragé la France et Coligny. En 1612, Razilly et La Ravardière fondèrent à Maranham une petite colonie qui n’eut qu’une courte existence. Ces établissemens contribuèrent surtout à faire connaître la partie septentrionale du Brésil, en donnant naissance aux excursions et aux récits de Rifaut, Deveaux, Moquet et La Planque, qui parcoururent ces côtes jusqu’en 1620, et pénétrèrent dans l’Amazone.

Le commencement du xviie siècle vit perfectionner les travaux des navigateurs et des conquérans, et fonder au Brésil, ainsi que dans l’Amérique septentrionale, de nouvelles colonies qui devinrent autant de foyers d’explorations et de découvertes. Au Brésil, le gouvernement portugais défendit de pénétrer dans l’intérieur, et le cours des rivières se prêtait à ses vues étroites, mais il ne put arrêter les expéditions étonnantes des Paulistes. À la renommée de ces chasseurs d’hommes, de ces chercheurs d’or, de ces mamelucks américains, descendans de malfaiteurs déportés, il n’a manqué que des historiens pour conserver les traces multipliées de leurs voyages ; on les verrait dans ces récits partir de Saint-Paul et pénétrer jusqu’à Quito, Santa-Cruz de la Sierra, les capitaineries de Piauhi et Goias, et traverser les provinces centrales qui nous sont encore inconnues. L’ensemble de leurs grandes excursions se présente dans un vague obscur ; cependant quelquefois elles eurent un but précis, et plusieurs de ces aventuriers ont arraché leurs noms à l’oubli par la rencontre des mines les plus précieuses. Aux Paulistes vagabonds, aux jésuites zélés et à d’audacieux Portugais, appartiennent les principales découvertes dont l’histoire a conservé les époques authentiques. En 1603, Gabriel Soares, en cherchant le pays d’Eldorado, part du Maranham, traverse le Rio San-Francisco, et atteint la province de Charcas ; Pedro Coelho pénètre dans la capitainerie de Seara, et arrive à la Sierra de Ibia-paha. En 1626-8, tandis que la Hollande disputait avec succès