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EXPLORATION DE L’AMÉRIQUE.

but, et les deux expéditions de Dannell, en 1652-3, se bornent à la reconnaissance de quelques points de la côte orientale.

Des Norwégiens avaient pu s’exiler dans ces froides et ingrates régions, qui les attirèrent de nouveau en 1721, sous la conduite du pieux Egede ; mais il fallait des climats plus doux pour séduire les autres peuples de l’Europe. L’île de Sable et les environs du cap Canseau avaient été, en 1518, le théâtre malheureux des essais de colonisation du baron de Lery, et quarante ans après, ces parages devaient être aussi funestes à La Roche ; mais ce n’est véritablement que de l’année 1540 que datent les premiers établissemens des Français dans l’Amérique septentrionale. D’abord ces entreprises lointaines, dirigées vers le Canada, eurent pour but d’offrir un asile aux protestans réformés, et pour attrait la recherche des trésors et des mines qu’on supposait exister dans cette partie du continent. Ainsi, vers cette époque des troubles religieux de la France, Cartier et Roberval, agens de l’amiral Coligny, veulent se fixer au cap Breton, et bâtissent ensuite un fort sur les rives du Grand Fleuve. Vingt ans après, le Dieppois Jean Ribaut fonde à la Floride une colonie de religionnaires sur la rivière de Mai (Rio-San-Matheo), et ses malheureux compagnons découvrent les monts Apalaches. Melendez de Avilez satisfit, par un massacre horrible, la jalousie politique et religieuse des Espagnols : le généreux Dominique de Gourgues n’accorda pas la vie aux bourreaux de ses compatriotes ; mais leurs cruels rivaux, demeurés maîtres de la Floride, et séduits par les propriétés du Sassafras, se fixèrent sur le golfe du Mexique, à San-Marcos, San-Matheo, San-Jose et San-Agostino, puis plus tard à Pensacola. Leur tranquillité n’y fut troublée pendant long-temps que par les ravages des amiraux Drake et Forbisher. Les derniers voyages de cette époque furent ceux de Courtpré-Ravillon vers le Saint-Laurent, en 1591, et de Chauvin, qui, en 1600, rapporta des fourrures du Canada.

Après le règne guerrier et les controverses religieuses de Henri viii, la minorité orageuse d’Édouard vi et l’alliance de Marie avec la famille d’Espagne, les Anglais, gouvernés par Élisabeth, se souviennent des découvertes des Cabota, au moment