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REVUE DES DEUX MONDES.

— Oui, dit l’Île-Adam.

— Venez me les compter, continua le maçon, et je vous indiquerai le lieu où il est caché.

— Tends ton tablier, dit l’Île-Adam, et il y jeta des poignées d’or ; maintenant où est-il ?

— Chez moi, je vais vous y conduire.

Un éclat de rire retentit derrière eux ; l’Île-Adam se retourna pour chercher Perrinet Leclerc ; celui-ci avait disparu.

— Allons vite, dit le capitaine, guide-moi.

— Un instant, reprit Thiébert, tenez-moi cette torche, que je compte.

L’Île-Adam tremblant d’impatience, éclaira le maçon qui compta les écus les uns après les autres, et jusqu’au dernier ; il en manquait une cinquantaine.

— Je n’ai pas mon compte, dit-il.

L’Île-Adam jeta dans son tablier une chaîne d’or qui valait six cents écus. Thiébert marcha devant lui.

Un homme les avait précédés ; c’était Perrinet Leclerc.

À peine avait-il entendu le marché de sang que faisaient Thiébert et le capitaine, qu’il s’était élancé à perdre haleine dans la direction de la retraite du connétable ; il s’arrêta devant la porte de la maison de Thiébert ; elle était fermée en dedans, son poignard lui rendit le même service que sur la place de la Sorbonne, et la porte s’ouvrit.

Il entendit quelque bruit dans la seconde chambre : — Il est là, dit-il !…

— Est-ce vous, mon hôte ? murmura à demi-voix le connétable.

— Oui, répondit Leclerc, mais éteignez votre lumière, elle pourrait vous trahir.

Et il vit, à travers les fentes de la cloison, que le connétable venait de suivre ce conseil.

— Maintenant, ouvrez-moi.

La porte s’entrebâilla, Perrinet s’élança sur le connétable qui jeta un cri, le poignard de Leclerc venait de lui traverser l’épaule droite.

Une lutte de mort s’engagea entre ces deux hommes.