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SCÈNES HISTORIQUES.

malgré une pluie de pierres ; puis une fois maîtres du palais, ils égorgèrent tous ceux qui s’y étaient renfermés.

Au milieu de ce carnage, un homme plus pâle, plus haletant, plus couvert de sueur que les autres, se précipita tout-à-coup.

— Le connétable, dit-il, le connétable, est-il ici ?

— Non, répondirent en foule les Bourguignons.

— Où est-il ?

— On ne sait pas, maître Leclerc, le capitaine l’Île-Adam a fait proclamer qu’il donnerait mille écus d’or à celui qui lui apprendrait où il était caché.

Perrinet n’en écouta pas davantage s’élança vers l’une des échelles dressées contre la tour, et s’y laissant glisser se trouva dans la rue.

Une troupe d’arbalétriers génois avait été surprise près du cloître Saint-Honoré, et quoiqu’ils se fussent rendus, et qu’on leur eût promis la vie, on les égorgeait après les avoir désarmés ; ces malheureux recevaient la mort à genoux en criant miséricorde : c’était à qui les frapperait. Deux hommes cependant, une torche à la main, se contentaient de leur arracher leurs casques, de les examiner les uns après les autres, puis ils laissaient à ceux qui les suivaient le soin de les tuer, se livrant à cette recherche avec la minutie de la vengeance. Ils se rencontrèrent au milieu de la foule, et se reconnurent.

— Le connétable ? dit l’Île-Adam.

— Je le cherche, répondit Perrinet.

— Monsieur Leclerc, dit en ce moment une voix. —

Perrinet tourna la tête, et reconnut celui qui lui adressait la parole.

— Eh bien ! Thiébert ? dit-il, que me veux-tu ?

— Pouvez-vous me dire où je trouverai le seigneur de l’Île-Adam ?

— C’est moi, dit le capitaine. »

Un homme, vêtu d’un pourpoint taché de plâtre et de chaux, s’avança.

— Est-il vrai, dit-il, que vous ayez promis mille écus d’or à qui vous livrerait le connétable.