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SCÈNES HISTORIQUES.

perdu pour lui ; il se sauva par la petite porte, s’élança sur un cheval, et rentra bride abattue dans la ville de Tours, à laquelle il donna l’alarme, et qui se mit incontinent en défense.

Aussitôt qu’il fut disparu, le sire de Saveuse s’avança vers la reine, et la salua respectueusement au nom du duc de Bourgogne. — Où est-il ? demanda-t-elle.

— Devant le portail de l’église, où il vous attend.

La reine et les princesses s’avancèrent alors vers la porte d’entrée, au milieu d’une haie d’hommes d’armes, qui criaient « vive la reine et monseigneur le dauphin ! » Le duc de Bourgogne en l’apercevant descendit de son cheval, et mit un genou en terre.

— Mon très cher cousin, lui dit-elle en s’approchant gracieusement de lui et en le relevant, je dois vous aimer plus qu’aucun homme dans le royaume. Vous avez tout laissé pour vous rendre à mon mandement et vous m’avez délivrée de ma prison. Soyez assuré que jamais je n’oublierai ces choses : je vois bien que vous avez toujours aimé monseigneur le roi, sa famille, le royaume et la chose publique.

Et ce disant, elle lui donna sa main à baiser.

Le duc lui répondit quelques mots de respect et de dévoûment, laissa près d’elle le sire de Saveuse et mille chevaux, et, avec le reste de son armée, s’avança rapidement vers Tours, avant que cette ville fut revenue de son étonnement. On ne lui fit aucune résistance, et pendant que la plupart de ses gens se glissaient par les endroits les plus bas, le duc fit son entrée par les portes, que les soldats de Dupuy avaient abandonnées. Ce malheureux fut lui-même au nombre des prisonniers, et servit d’exemple à la postérité, qu’on ne doit jamais manquer de respect aux têtes couronnées, en quelque extrémité qu’elles soient réduites. —

— Que lui est-il donc arrivé ? demanda Perrinet.

— Il fut pendu sur le midi, répondit Juvénal.

— Et la reine ?

— Elle revint à Chartres, puis repartit pour Troyes en Champagne, où elle tient sa cour. Les états-généraux de Char-