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INCENDIE À LA MER.[1]

On cheminait gaîment et assez vite. Le temps était superbe, et tout promettait à la Julie un des plus beaux voyages qu’elle eût faits encore. L’équipage attendait le déjeuner. Riches de cette poésie naïve qui colore les récits des matelots, heureux en tropes comme le peuple spirituel des halles de Paris, des narrations animées trompaient l’appétit des hommes qui avaient pris le quart du jour. Les passagers avaient paru su le pont pour la première fois de la journée ; celui-ci fumant, celui-là faisant dans sa tête le compte, cent fois recommencé depuis son départ du Havre, de sa toile vendue à la Havane ; cet autre chantant, un quatrième triste et soupirant après

  1. Le récit qu’on va lire appartient à un ouvrage en deux volumes, intitulé Scènes de la vie maritime, que M. A. Jal se propose de publier prochainement. Ce livre, écrit pour les marins et les gens du monde, est composé de drames, descriptions, scènes, portraits, etc. Chaque chapitre est suivi de notes historiques, explicatives des termes de marine, littéraires et étymologiques.

    (N. du D.)