tits progrès. Quand la tourmente de juillet eut emporté l’image que vous vous étiez faite de notre pays, vous vous êtes remis à en façonner une autre, en contemplant curieusement la France ; elle s’était levée ; vous pouviez mieux la reconnaître. Elle vous apparut rajeunie, changée, fière ; au mois d’août 1830, vous la trouviez aussi grande qu’en 89 et 91, plus pure, plus forte, moins convulsive, plus mûre et plus calme dans son œuvre révolutionnaire, prête à passer des emportemens insurrectionnels au soin de fonder quelque chose. Vous reconnûtes aussi que le temps des emprunts à l’étranger était passé pour elle, qu’elle ne pouvait pas plus s’accommoder de la constitution anglaise que de la métaphysique allemande ; qu’elle débrouillait, qu’elle allait saisir des pensées et des principes qui lui appartinssent, se trouver elle-même, et qu’au moment où elle se déclarait solidaire de la liberté européenne, elle saurait asseoir l’originalité de son propre génie.
Vous nous faisiez ainsi, monsieur, l’honneur d’attendre de nous de grandes choses ; et comme les effets n’ont pas suivi votre attente, vous ne nous comprenez plus ; ce n’est plus la France de la restauration, et ce n’est pas une autre France ; à travers des nuages qui ne vous permettent plus de rien distinguer, vous entendez des cris discordans, des voix qui se combattent ; dans cette confusion, vous ne savez plus que penser de nous, et vous ne pouvez plus rien augurer de notre avenir. Je vous ferai, monsieur, assez bon marché du présent ; il est terne, il est triste, il est peu digne de nous ; au surplus vous n’avez pas plus envie que moi de vous arrêter à l’analyse des évènemens dont tous les jours nos feuilles politiques vous apportent la succession ; je ne vous entretiendrai donc que des dispositions morales de notre pays.
La société française est-elle sceptique ? a-t-elle dans son sein les principes d’une foi commune en quelque chose ? Avant de répondre directement à cette question, permettez-moi, monsieur, de vous faire remarquer que, si par hasard nous nous trouvions en ce pays destitués de toutes croyances, ce serait pour