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ADMINISTRATION FINANCIÈRE DES ÉTATS-UNIS.

que ce qui est libéralité dans un homme riche, serait prodigalité dans un pauvre.

Dans tous ces calculs, j’ai supposé que les États-Unis consacrent annuellement à l’acquittement de l’intérêt et du principal de la dette, 10,000,000 de dollars ; mais il est à ma connaissance que, la dernière ou les deux dernières années, vu l’excédant du revenu, on a employé à cette destination une somme plus considérable. Une lettre d’un correspondant d’Amérique, bien informé, à la date du 21 octobre 1831, contient ce paragraphe : « Nous allons ici aussi bien que vous pouvez le désirer. Tout le monde prospère, et notre seule crainte est que bientôt nous n’aurons plus de dette nationale. Au 1er janvier, le gouvernement aura en sa possession assez de billets et d’actions pour payer jusqu’au dernier dollar de la dette, et la banque n’aimerait rien tant que de décompter le tout, et de nous mettre à même de dire que nous ne devons rien. C’est là un terrible tableau pour ceux qui s’inquiètent d’un nouveau tarif. Nous avons eu une assemblée pour la liberté du commerce, et nous en aurons une autre la semaine prochaine pour le maintien du tarif. Entre ces deux avis, je suis porté à croire que nous nous arrêterons au vrai principe, à la réduction graduelle du tarif, jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un moyen de nous procurer un revenu suffisant pour nos besoins. Ces besoins sont limités, et seront satisfaits avec 12,000,000 (dollars), tandis que le revenu de cette année sera de 30,000,000 ! »

Ainsi vous voyez que mes calculs ne sont en aucune façon trop favorables au pays. J’ai pris 1835 pour l’époque où la dette sera éteinte, parce que les conditions de l’emprunt donnent au créancier le droit de refuser son argent, au moins pour une partie de la dette, jusqu’au 1er janvier de cette année ; mais comme l’indique mon correspondant, il sera facile au gouvernement de se dégager de cette dette, à l’exception de la responsabilité, en prenant des arrangemens avec la banque. Vous comprenez que les frayeurs de mon ami ne sont que des plaisanteries, car peu d’Américains sont assez ignorans en politique pour regarder une dette publique comme un bonheur public. Dans les gouverne-