Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
REVUE DES DEUX MONDES.

rope à l’égard de la nouveauté de notre démocratie est vrai, l’Amérique fait maintenant deux grandes expériences à-la-fois, celle de la démocratie elle-même dans de grandes communautés, et celle de la réunion intime de plusieurs communautés en une seule. Si l’Union américaine devait se dissoudre demain, cela ne prouverait rien contre la démocratie, car la révolution de 1776 a suffisamment montré qu’une aristocratie ne pourrait pas conserver un pays si étendu, et celles du Mexique et de l’Amérique du sud ont prouvé qu’une monarchie est également insuffisante. Mais la démocratie n’est pas une expérience en Amérique ; elle a réellement passé par une épreuve de deux siècles. N’ayant aucune foi dans la doctrine des trois pouvoirs, les Américains n’ont cependant pas reconnu la nécessité de se priver d’un agent aussi utile qu’un officier exécutif. Ils ont donc créé un président, en prenant soin qu’il fît peu de mal. Il est responsable, il est vrai, comme le président du conseil ; mais chaque huissier de la chambre des députés est aussi responsable que le président du conseil. La vraie manière de considérer cette partie de la question, c’est de se demander qui est chargé de soutenir l’état officiel des deux pays, qui reçoit les ministres étrangers, qui représente la dignité de chaque nation, autant qu’on le juge nécessaire, au moyen du cérémonial et de la dépense. En Amérique, ce devoir est, par la constitution, expressément attribué au président. Il serait aisé de montrer la différence très réelle qui existe entre le président du conseil et le président des États-Unis sur des points plus matériels ; mais, comme la question présente est seulement une question de dépenses, il suffit de savoir qu’il n’y a aucun état officiel, aucune cérémonie en Amérique qui ne rentre dans les devoirs légaux du dernier fonctionnaire.

Votre lettre m’a trouvé sérieusement occupé d’un travail qui ne s’accorde guère avec les calculs arides de cette discussion, et il est très probable que, pour faire droit à une requête si soudaine, mes facultés ont été insuffisantes. Mes calculs, je le répète, ne sont pas d’une exactitude littérale ; mais j’ai pris soin de me tenir plutôt en deçà qu’au delà de la vérité. Je ne crois pas que les salaires du clergé, dans l’état de New-York, reçus directement