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ADMINISTRATION FINANCIÈRE DES ÉTATS-UNIS.

propriété un revenu cinq fois égal à celui nécessaire pour l’entretien du gouvernement de l’état.

Mais la Revue britannique fait grand bruit des charges du comté, de l’entretien du clergé, de la perte de temps par le service de la milice, des péages des routes à tourniquets. On ne peut que donner une idée générale de ces sortes de dépenses, puisque aucune localité n’est précisément soumise aux mêmes charges qu’une autre. La plupart de nos charges locales sont comme celles qu’on paie dans d’autres pays, bien que quelques-unes ne soient certainement pas de la même nature. Les exceptions pour ou contre nous se balancent. Ainsi nous n’avons pas d’octrois en Amérique. Il n’y a pas un officier salarié qui ne soit porté sur le budget ou sur la liste civile de l’état, excepté dans les cités et dans les grandes villes, et tous les salaires exceptés ne sont qu’une bagatelle. Les juges de comté ne sont pas payés, ou ne touchent que de très faibles gratifications. Les shérifs, les clercs, les coroners, les juges de paix, et autres fonctionnaires de même sorte, ne sont payés qu’en gratifications, selon les emplois qu’ils remplissent. Je crois que la même chose se pratique chez la plupart des nations, et probablement nos gratification sont inférieures à celles usitées dans d’autres pays.

Le service de la milice est infiniment moins pénible qu’en France. La Revue britannique n’a nulle part commis d’aussi graves erreurs que dans ce qu’elle dit du service de la milice. Comme chaque état règle sa propre milice, en se conformant à quelques exigences générales, je ne puis pas entrer dans le détail des lois relatives à ce sujet. À New-York, le service ne comprend pas même la moitié du temps (cinq jours) mentionné par la Revue britannique, et la valeur du temps n’égale pas à beaucoup près le prix qu’elle y met. Elle a probablement pris quelques exceptions pour la règle. Si l’Américain pouvait demander pour son temps autant que le suppose la Revue britannique, alors les 13,500,000 habitans de l’Amérique pourraient payer plus que les 32,000,000 de la France ; or il est certain que le temps n’a pas le tiers de la valeur qu’elle lui attribue en France. Mais le rédacteur est entièrement dans l’erreur. Il faut