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à des pans de forêts à abattre, des tribus sauvages à dompter, des champs immenses, innombrables à mettre en culture. Aucune dépense analogue à celle que nous nommons liste civile ne figure donc dans le budget fédéral, quoiqu’il y en ait une qui porte le même nom, mais qui désigne des dépenses d’une autre nature. Comme on l’a dit, un roi constitutionnel, dont aucun acte n’est valide sans le contre-seing d’un ministre responsable, règne et ne gouverne pas. Le président des États-Unis, qui gouverne, ne trouve donc d’analogue en France que dans le président du conseil, placé comme lui à la tête des affaires. Son traitement est de 25,000 doll. (132,500 fr.) ; celui du président du conseil, en France, est fixé à 120,000 fr. dans le budget de l’état. Le président des États-Unis a en outre un hôtel magnifique dans Washington, et une maison de plaisance dans le voisinage de cette ville. Toutefois il paraît que son traitement est insuffisant pour couvrir les dépenses auxquelles l’usage l’assujétit. Un de ces usages dispendieux, c’est qu’il donne par semaine, pendant la session, deux grands dîners qui sont loin de se faire remarquer par la simplicité que nous attribuons aux habitudes républicaines. Ces dîners et les autres frais de la représentation du président ont dérangé la fortune de plusieurs de ceux qui ont exercé cette haute magistrature ; M. Jefferson et M. Monroe sont même morts à-peu-près insolvables. »

Ici nous pouvons apprécier le jugement de la Revue britannique. Que les États-Unis aient une double forme de gouvernement, c’est ce qu’on ne peut nier, et ceux qui sont familiarisés avec son action considèrent le fait comme d’une très grande importance pour leur tranquillité et l’amélioration du pays. Je ne puis pas entrer dans l’analyse minutieuse des lois et dépenses des vingt-quatre états. Eussé-je même les informations nécessaires, la tâche dévorerait un mois, et peu de personnes auraient la patience de me suivre dans les détails. Je me bornerai donc à mettre sous vos yeux le résultat général, en essayant de prévenir toute chicane.

Comme remarque générale et directement applicable au sujet, j’observerai d’abord, que la nécessité de maintenir un gou-