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ce qu’on donne pour les blessures ou les infirmités. Ainsi, quoique nous ne tenions sur pied qu’une armée de six mille hommes pour nous défendre contre nos ennemis, nous payons réellement une armée de vétérans qui compte plus de seize mille hommes. On voudra bien se rappeler plus tard que toutes ces charges sont mentionnées au budget.

Ainsi que l’a remarqué justement le rédacteur de la Revue britannique, la plus grande partie de l’argent des États-Unis provient des recettes des douanes. On dit que ces recettes seules, vu la prospérité extraordinaire du pays, dépasseront cette année la totalité des dépenses projetées. La Revue britannique pense que cette manière de lever l’impôt est inférieure à la méthode française, parce qu’elle est sujette à varier. Est-ce que la France ne tire pas des douanes tout ce qu’elle peut convenablement tirer ? Si les États-Unis peuvent faire face à toutes leurs dépenses par cette seule imposition, c’est un avantage qui résulte d’un double fait, à savoir, l’étendue de leur commerce et la limitation de leurs dépenses. Qu’est-ce qui empêche les États-Unis d’établir des taxes directes, l’excise ou tout autre espèce d’impôt connu, en exceptant celui sur l’exportation, si ce n’est l’absence de volonté ou de nécessité à cet égard ?

Les recettes considérables des douanes des États-Unis, prélevées sur la consommation, et qui équivalent presque au double de la dépense courante du pays, en y comprenant l’intérêt, mais en excluant le principal de la dette publique, doivent être attribuées à une cause particulière. La situation des États-Unis, en ce qui concerne le commerce et l’industrie, vous est bien connue. Tant que les guerres d’Europe nous ont donné un débouché pour les produits de la terre, nous avons été essentiellement une nation d’agriculteurs ; les facteurs n’étant qu’une classe insignifiante, quant au nombre, comparativement aux producteurs. Mais quand la paix générale a eu réduit les prix en Europe, nous nous sommes trouvés dans la nécessité de chercher un nouvel emploi de nos facultés. Le pays avait depuis long-temps produit par l’agriculture au-delà de ses besoins, et il y avait nécessité de tourner son attention vers les arts de la vie, ou de ne rien