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ADMINISTRATION FINANCIÈRE DES ÉTATS-UNIS.

sent, en particulier, les États-Unis, si ce n’est des avantages immédiatement attachés au caractère de la nation et aux institutions d’où ce caractère dérive ? Quel privilége ont-ils à l’exclusion des autres contrées de l’hémisphère occidental ? Que sert de souffler le chaud et le froid, de dire que les États-Unis sont prospères parce qu’ils sont jeunes, et que le Mexique, le Chili et le Pérou sont dans l’état contraire parce qu’ils ne sont pas vieux ? Nous sommes entourés de sociétés plus jeunes et plus vieilles que la nôtre, et nous possédons au sein de notre Union presque chaque forme de société, depuis celle où tous les arts sont cultivés jusqu’à celle où l’arbre n’est pas encore abattu. Nous occupons vingt degrés de latitude et la même étendue de longitude ; toutes les religions coexistent dans le pays, et nous possédons encore le fléau de l’esclavage domestique dans plusieurs des États, pour compléter le parallèle.

Dans ce tableau populaire des avantages du pays, la Revue britannique attribue la rareté des dépenses militaires, aux États-Unis, à leur position géographique. Il y a certainement quelque vérité dans cette opinion, mais les conséquences qu’on en déduit sont exagérées. S’il y a des avantages locaux de cette nature, il y a aussi de grands désavantages de même nature. L’étendue du pays comprend de lourdes dépenses, dont la France est plus ou moins exempte. Le poste militaire le plus éloigné est aussi loin de Washington que Saint-Pétersbourg l’est de Paris. Les troupes et les provisions doivent être transportées là périodiquement, fréquemment, à grands frais, à travers un désert. De plus, une large portion des dépenses annuelles du département de la guerre est consacrée à bâtir des forteresses, nécessité onéreuse à laquelle de vieilles nations échappent entièrement, ou du moins plus rare chez elles. L’Amérique doit son exemption des charges militaires surtout à ce fait, que les institutions étant fondées seulement dans l’intérêt des masses, la nation n’a pas besoin du secours de la force pour maintenir l’ordre. Mais pourquoi établir la moindre comparaison entre ces parties de dépenses nationales, qui dépendent de causes flottantes, et d’intérêts qui ne peuvent pas être les mêmes chez différentes na-