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ADMINISTRATION FINANCIÈRE DES ÉTATS-UNIS.

Aucun Américain ne peut, sans blesser les convenances, vous refuser aucune des informations de cette nature qui se trouvent à sa disposition ; car vos droits à sa reconnaissance sont trop clairs et trop durables pour permettre des sentimens d’hésitation d’intervenir dans l’exécution de ce qui est juste en soi, quand il vous plaît de le prier d’agir pour cette grande cause, à laquelle vous avez dévoué une vie longue et utile. Je regrette seulement que mes habitudes antérieures et la difficulté d’obtenir les renseignemens nécessaires à Paris m’empêchent de traiter complètement le sujet ; mais, quant aux opinions qui me sont suggérés par la lecture de la Revue britannique, et aux faits que j’ai sous la main, je les mets entièrement à votre disposition. Vous en ferez l’usage que vous indiqueront votre expérience et votre sagesse.

Ce qui me frappe d’abord, c’est que l’article en question est un argument et non pas un jugement. Par suite de ce caractère partial, toutes les propositions et toutes les déductions peuvent être accusées d’inexactitude et quelquefois de contradiction. Je ne sais pas dans quel intérêt il a été écrit, mais je pense qu’il n’y a pas grand risque à dire qu’il ne l’a pas été dans l’intérêt du contribuable. Outre ces fautes, qui sont inséparables de la logique des partis, le rédacteur est tombé dans de graves erreurs de faits.

Le rédacteur de la Revue britannique commence ses remarques sur les finances des États-Unis, page 287, en disant : « Le budget fédéral des États-Unis, que l’on pourrait aussi appeler leur budget politique, ne s’est élevé, en 1829, qu’à 24,767,119 dollars (131,265,729 francs) ; mais en temps de paix il s’élève à plus du double ». Je présume que c’est une erreur d’impression, et que son intention était de dire, « en temps de guerre ». En admettant que cette assertion soit vraie, cela ne prouve-t-il pas que les États-Unis ont tellement borné leurs dépenses, qu’en temps de paix elles ne dépassent pas les dépenses additionnelles nécessitées par la guerre ? Une nation, en temps de paix, est maîtresse de ses dépenses civiles ordinaires, tandis que celles que nécessite l’état de guerre dépendent de la politique des autres