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REVUE — CHRONIQUE.

Arnal qu’il doit lutter. Il n’atteindra jamais à sa gaîté expansive. Il sait copier la nature avec une étonnante fidélité ; qu’il l’étudie donc et qu’il nous donne encore quelques-unes de ces silhouettes admirables, comme M. Prudhomme et l’Amant de la Duthé. Mais qu’il ne se confie pas aux coupletiers, ou il est perdu, perdu sans retour.

On ne sait pas encore si M. Fontaine profitera du conseil du Journal de Paris, et s’il comblera les bassins des Tuileries. En attendant il continue de gâter ce beau jardin, sans se soucier du blâme public ; le voici maintenant qui veut nous consoler, en plaçant le Spartacus de M. Foyatier en regard du Remouleur. Ce morceau, qui n’a réussi que par l’exagération, comme un mélodrame sur une foule ignorante, fait aux Tuileries un piteux effet. Il paraît tel qu’il est, lourd, ramassé et mesquin. C’est une nature triviale et commune, l’exécution est ronde. On aurait pu mieux choisir pour nous dédommager du gaspillage d’un beau jardin. Je ne devine pas ce qu’on va mettre sur les piédestaux qui attendent.

Pourquoi les promeneurs de Paris n’adresseraient-ils pas une pétition à la chambre pour attaquer M. Fontaine, ou pour savoir au moins à qui l’on doit s’en prendre ? Convertir les Tuileries en potager, en une melonnière ! Le ridicule ne suffit pas à de pareils délits. Pourquoi ne ferait-on pas une caserne de Notre-Dame ?

Nous devons nous attendre à tout, aujourd’hui que les travaux de Montmartre et de Vincennes sont ordonnés de manière à bombarder Paris au besoin.

Serait-il vrai, comme on le dit, que Nicolas vient d’envoyer à M. Périer le grand cordon d’un ordre russe avec une lettre de complimens sur la direction et la fermeté de sa politique ? Nous attendons que cette nouvelle se confirme, pour y ajouter foi.


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