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soler, du moins à lui rendre quelque espérance, en lui promettant de faire puissamment solliciter, le jour même, le ministre de grâce et justice en faveur de Pepe.

Deux heures sonnèrent à l’horloge de Santa-Cruz. Je quittai Mariquita, lui donnant rendez-vous pour le lendemain, à la même heure, à la porte de Santa-Cruz, où je la laissais, afin de lui venir conter ce que j’aurais pu faire et faveur de notre ami. — En m’éloignant, je me retournai et je la vis entrer dans l’église. Elle allait y prier sans doute pour Pepe, — et pour moi peut-être aussi, — pour moi peut-être — un peu ! Pauvre Mariquita ! —


II.
LA SENTENCE.

Avant de commencer des sollicitations dont le succès me semblait dépendre d’une vérité et d’une franchise entières dans l’exposé des faits, j’avais besoin de voir Guzman et de m’entretenir avec lui. Je n’y pus réussir dans la soirée. Ce fut seulement le lendemain matin, le mardi, à onze heures, que, grâce à la protection de l’un des alcades de la cour, je fus autorisé à communiquer librement avec l’accusé et à pénétrer dans son cachot.

On m’introduisit dans un caveau étroit, humide et obscur. Je trouvai là Guzman couché sur la paille, les fers aux pieds. Je m’étais assis près de lui sur une pierre rompue, le seul siége qu’il y eut là.

Le geôlier se retira et nous laissa seuls dans l’obscurité. Le jeune homme se taisait. Peut-être m’avait-il pris pour quelqu’un de ces hommes de mauvais augure, alcades, alguazils, escribanos[1]

  1. Greffiers.