La reine sourit. – Ah ! tu l’aimes ?
— De tout mon cœur, dit naïvement la jeune fille.
— Je le lui dirai, Charlotte, et il en sera fier.
— Oh ! madame, ne lui dites pas cela : j’ai quelque chose à lui demander, et je n’oserais jamais…
— Toi ?
— Oui.
— Qu’est-ce donc ?
— Oh ! madame…
— Voyons, dis-moi cela.
— Je veux… Oh ! je n’ose pas.
— Parle donc.
— Je veux lui demander une place d’écuyer.
— Pour toi ? dit en riant la reine.
— Oh !… dit Charlotte.
Et elle devint rouge et baissa les yeux.
— Mais ton enthousiasme pour lui pourrait me le faire croire. Pour qui donc alors ?
— Pour un jeune homme…
Charlotte murmura ces mots si bas, qu’à peine si on les put entendre.
— Ah ! Et quel est-il ?
— Mon Dieu, madame… mais jamais vous n’avez daigné…
— Enfin, qui est-il ? répéta Isabeau avec une espèce d’impatience.
— Mon fiancé, se hâta de répondre Charlotte.
Et deux larmes tremblèrent aux cils noirs de ses longues paupières.
— Tu aimes donc, mon enfant ? dit la reine avec un ton de voix si doux, qu’on eût dit une mère qui interrogeait sa fille.
— Oh ! oui, pour la vie…
— Pour la vie ! Eh bien ! Charlotte, je me charge de ta commission : je demanderai à Bourdon cette place pour ton fiancé ; de cette manière, il restera constamment près de toi.