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SCÈNES HISTORIQUES.


Un instant après, suivant les ordres donnés, la suite du roi se sépara en trois troupes, formant un triangle : Dupuy, l’âme damnée de Bernard, et deux capitaines se rendant à Vincennes, pour signifier à la reine son ordre d’exil ; Tanneguy Duchâtel retournant vers Paris avec son prisonnier toujours évanoui, et le roi, resté seul avec le connétable d’Armagnac, et soutenu par lui, allant à travers la plaine demander aux moines de l’abbaye de Saint-Antoine, un asile, du repos et des prières.

II.
Laissez passer la justice du Roi.

Tandis que la porte de l’abbaye de Saint-Antoine s’ouvre pour le roi, et celle de la prison du Châtelet pour le chevalier de Bourdon ; que Dupuy fait halte à un quart de lieue de Vincennes, pour attendre un renfort de trois compagnies des gardes que lui envoie de la prévôté Tanneguy Duchâtel, nous transporterons le lecteur au château qu’habite Isabeau de Bavière.

Vincennes était tout à la fois, à cette époque de troubles, où les épées se tiraient dans un bal, où le sang coulait au milieu d’une fête, un château fort et une résidence d’été. Si nous faisons le tour des murailles extérieures, ses larges fossés, ses bastions à chaque coin de mur, ses ponts-levis qui se dressent chaque soir en grinçant sur leurs lourdes chaînes, ses sentinelles jalonnées sur les remparts, nous présenteront l’aspect sévère d’une forteresse, pour la défense et la sûreté de laquelle rien n’a été épargné. Si nous entrons à l’intérieur, le spectacle changera : nous