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MARINE FRANÇAISE.

Il est bon d’ajouter qu’outre leur solde, les officiers de la marine anglaise ont, à titre d’immunité, le droit d’introduire, sans payer l’impôt, tous les vins, sucre, café et thé nécessaires à la consommation, soit à bord, soit à terre dans leurs familles. On voit quel immense avantage leur est accordé.

Les officiers américains sont moins bien traités que ceux des marines française et anglaise. Le système des salaires aux États-Unis est très-économique, nous ne pouvons que l’admirer ; mais nous devons dire qu’il serait inapplicable en France. Il y a dans les institutions maritimes de l’Amérique beaucoup de choses qu’on pourrait importer chez nous, où tous les rouages de la machine administrative sont si horriblement compliqués. Plaise à Dieu que l’amiral français qui est aujourd’hui à la tête du département de la marine ait une volonté assez forte pour réformer tous les abus que notre civilisation vieillie a introduits dans l’organisation du service ! Il y a autant de gloire et de popularité à acquérir là qu’à Navarin. Certes, on niera, on dira sans doute que c’est impossible ; on mentira. Tout est possible, non pas en un jour ! les grands changemens administratifs ne peuvent pas se brusquer, et c’est le tort des partisans de toutes réformes de vouloir se trop presser ; tout est possible en quelques années. Ce qui coûte fort cher pourra coûter moins, et l’économie que l’on fera retournera au profit du matériel qui souffre, et du personnel navigant dont il faut avoir un soin extrême.

Voyons quel est l’état des vaisseaux en Angleterre, en France, aux États-Unis et en Russie.

Le Navy list donne à l’Angleterre cinq cent soixante-douze bâtimens appartenant à la marine royale. Dans ce nombre sont compris, depuis les plus grands vaisseaux jusqu’aux petites mouches attachées à certains bâtimens. Le Navy list porte quatre-vingt-dix vaisseaux de 120, 106, 92, 84, 80, 78, 74 et 64 canons. Il faut extraire de là vingt pontons, casernes, lazarets, hôpitaux, et prisons de condamnés. On peut du reste déduire quinze vaisseaux hors de service,