Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/598

Cette page a été validée par deux contributeurs.
582
VOYAGES.

et leur feuillage est terne et flétri. Ils poussent dans les interstices et les fissures des rochers, et sont suspendus à de grandes hauteurs sur d’affreux précipices, où ils ne sont accessibles qu’aux bêtes sauvages et aux oiseaux de proie. Au-dessous de Madgie, le fleuve tourne à l’orient, le long d’une chaîne de collines, et puis il coule pendant quelques milles au sud. Après cette île, nous en rencontrâmes une autre, et à peu de distance une troisième, que les naturels du pays appellent Kesey, et qui est pour eux l’objet d’une vénération superstitieuse ; c’est un rocher presque à pic, haut de 300 pieds. »

À Rabba, grande ville, bien peuplée et très-florissante, avec un grand marché d’esclaves, le Quorra tourne encore à l’est. Un peu au-dessus, les voyageurs aperçurent l’embouchure d’une grande rivière qui s’y jette par le nord-est. C’était la Coodoonia, que Richard Lander avait passée à son premier retour de Soccatoo, et le lieutenant Becher observe, comme une preuve de l’exactitude des deux itinéraires, que les positions coïncident à un mille près. Un peu plus loin est Egga, ville bien peuplée aussi, où les habitans sont revêtus d’étoffes portugaises et de bazin, ce qui fait croire qu’ils ont des communications avec la mer, et avec d’autant plus de raison que leurs bateaux sont très-grands. Alors le fleuve prend la direction du sud ; et à quatre journées de navigation, il reçoit une rivière presque aussi considérable que lui, et qui coule du nord-est ; elle était très-enflée, et avait deux ou trois milles de largeur ; on l’appelle le Tshadda. Nos voyageurs pensèrent que Funda, dont Clapperton avait tant entendu parler pendant son séjour à Soccatoo, était à trois journées de là sur cette rivière, et non comme il le pensait, sur le Quorra.

Au-dessous du confluent des deux rivières, le Quorra traverse des montagnes dont la hauteur paraît augmenter au sud-est, et auxquelles appartiennent probablement les pics élevés qu’on aperçoit de la baie de Bénin, et qui auraient 12 ou 13 mille pieds de hauteur, d’après des mesures trigo-