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Nous sommes bien aises d’être les premiers à annoncer l’entreprise de M. Sylvestre, qui, sous ce titre, a pour but de publier gratis les manuscrits des jeunes auteurs. — Nous développerons incessamment le plan de cette belle et honorable entreprise dont l’exécution est très-prochaine.


THÉÂTRE DE LA PORTE SAINT-MARTIN.

La liberté n’a pas été inutile aux théâtres. Il est d’un grand intérêt de voir leurs efforts pour réveiller l’apathie du public. L’un des théâtres dont les acteurs luttent le plus hardiment et montrent la plus juste ambition de développer leurs talens et de s’élever dans leur art, est toujours le théâtre de la Porte-Saint-Martin. On y a monté Figaro, la semaine dernière, et Figaro y a été joué avec plus de naturel, de chaleur et de connaissance de la scène qu’il ne l’est à présent à la Comédie-Française. Nous avons été à même de comparer dans cette semaine ces deux troupes qui ne devraient pas être rivales, et qui vont bientôt cesser de l’être si l’une continue à dépérir, et l’autre à grandir dans sa jeunesse et sa vigueur, et si elle résiste à son administration désordonnée, comme il y a lieu de l’espérer. — Le rôle de la comtesse Almaviva n’a jamais été mieux composé et détaillé qu’il ne l’est aujourd’hui par madame Dorval. La grâce et le maintien décent, sans affectation, d’une femme du grand monde, sa compassion tendre pour l’amour d’un enfant, sa dignité dans des plaisanteries qu’elle ne permet à ses gens qu’en faveur des petites choses qu’elle veut cacher ; une frayeur de bonne compagnie et des larmes d’un naturel poignant, et désespérant surtout pour les nombreuses imitatrices de cette comédienne consommée ; voilà ce que l’on a trouvé en elle dans cette tentative où il était permis de douter d’un aussi grand succès. Je ne pense pas que la Comédie-Française prétende opposer les talens de Dailly à ceux de Potier dans le rôle de Bridoison où il a mis un radotage, une suffisance pédantesque, et des nuances d’une extrême

  1. Par M. Sylvestre fils, libraire, rue Thiroux, n. 3.