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ÎLE DE CUBA.

quelques souches et quelques longs cadavres de palmiers étendus par terre brûlaient encore !

Je ne sais comment j’ai pu ne pas parler encore des fruits délicieux de l’île de Cuba. Il y en a une grande variété ; je mets en première ligne la banane, la principale nourriture des nègres. La figue-banane crue est un manger délicieux, mais rien de plus délicat que la banane frite : c’était mon plat favori. Viennent ensuite les ananas et les oranges, puis les sapotes et les sapotilles, qui ont un peu le goût des nèfles ; les caïmites, si rafraîchissans ; les mangos, qui étonnent la première fois qu’on en mange, par leur goût de thérébentine, mais qu’on finit par aimer ; les grenades, les citrons, les avocats, la noix de coco, où il y a à boire et à manger ; les pommes cannelles, les pommes roses, les icaques, l’abricot de Saint-Domingue, le cœur de bœuf, le tamarin. — Il y a aussi une grande variété de confitures ; on en fait même avec des pommes de terre et des œufs. — Quant à la cuisine du pays, elle est différente de la nôtre, et ne me plaît nullement. L’ognon et la graisse en sont les bases principales, les mets sont si dissimulés, qu’il n’est pas aisé de dire ce que l’on mange. Ce sont en général les callesseros qui en sont chargés ; ce sont d’habiles gens que ces callesseros ! Ils composent la musique pour les danses, et sont bons danseurs eux-mêmes ; ils jouent de la guitare, et chantent passablement : il n’y a pas de cœur de négresse qui puisse résister à leurs avances. Il y en avait un à Esperanza qui, en une nuit, fatigua quatre chevaux en se rendant à quatre caféiers différens, à trois ou quatre lieues de là, dans chacun desquels il avait une tendre esclave à laquelle il rendait visite ; mais un des chevaux qu’il avait montés étant mort des suites de sa course,