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ÎLE DE CUBA.

ner promener ces dames, et les conduire à la Havane. Quarante seulement étaient à l’Esperanza, et le reste s’engraissait en mangeant des cannes à sucre dans une de leurs sucreries. On ne peut se figurer la rapidité avec laquelle on parcourt les beaux chemins de San-Marco. À peine le calessero est-il sauté à cheval, qu’on est enlevé comme par le vent. Le seul désagrément qu’on éprouve est la poussière rouge quand il n’a pas plu, mais il n’y en a pas jusqu’à neuf heures du matin, à cause de la rosée très-abondante de la nuit.

Je fis à l’Esperanza une abondante collection de scorpions énormes, de mille-pates, et d’horribles araignées velues, dont une, entre autres, ne tenait pas dans ma main avec ses pates. Je recueillis aussi une bête noire nommée mancaperro, qui rend boiteux le chien qui la touche, et qui est très-venimeuse. Il est prudent le soir, au moment de se coucher, de faire la visite de ses draps ; et de quelle horreur n’est-on pas saisi en apercevant dans un coin un énorme scorpion noir ou rougeâtre (ce sont les plus venimeux) qui court à droite et à gauche en sifflant et en cherchant l’ombre ! J’en ai fait se suicider un bon nombre en les entourant d’un cercle de charbons ardens ; souvent cela ne suffit pas, ils passent par-dessus, et meurent brûlés. Pour rendre l’expérience plus sûre, on jette sur les charbons de l’eau-de-vie, qui leur présente de tous côtés un rempart de flammes, qu’on resserre peu à peu ; ils en font le tour plusieurs fois, et, ne trouvant pas d’issue, ils se tuent avec leur dard. — Le cadre de cet article ne me permet pas d’entrer dans de plus longs développemens sur l’histoire naturelle de l’île de Cuba ; mais je dois cependant dire quelques mots d’une espèce de cancre assez curieuse. Ces crustacées pullulent tellement sur les bords de la mer, qu’il