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ÎLE DE CUBA.

est défendu par les lois du pays ; mais, il s’y fait avec la plus grande impunité, et malgré les bâtimens de guerre qui croisent devant l’île. La cargaison se débarque habituellement dans un petit port près de Matanzas ou de la Havane ; le bâtiment entre sur son lest, et les nègres arrivent pendant la nuit. On va les voir, et ils se vendent publiquement. Quant aux nôtres, ils entrèrent fièrement à la Havane, avec le pavillon déployé du roi d’Espagne, du Mexique et des Indes.

La mer était unie et bleue comme le ciel, excepté autour de nous, où les poissons volans la blanchissaient d’écume ; nous avancions rapidement, en suivant la côte à un demi-mille de distance. Elle est montueuse, boisée et très-pittoresque ; souvent on passe devant de jolies vallées où l’œil perce au loin à travers cent nuances de verdures différentes, et dans lesquelles l’œil distingue surtout le vert tendre des champs de cannes à sucre. Sur notre droite, jusqu’à l’horizon, endormies sur l’eau, malgré toutes leurs voiles blanches déployées, se voyait une foule de goëlettes, de felouques et de bateaux pêcheurs qui se réfléchissaient sans aucunes rides sur la surface de la mer.

Vers deux heures, nous vîmes le phare et le sommet des murailles du Morro et des Cavanas ; et une demi-heure après, la sentinelle nous hélait au moment où nous entrions dans le port.

On sait que l’île de Cuba fut découverte en 1492, par Christophe Colomb. Elle a en longueur, d’un cap à l’autre, et en suivant la courbe la plus courte pour passer par le centre, deux cent seize lieues. Sa plus grande largeur du nord au sud est de trente-neuf lieues, et sa partie la plus étroite, de sept. Sa circonférence est de cinq cent soixante-treize lieues.