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VARIÉTÉS.

commandement à M. Fourichon, son second et lieutenant de frégate, et à M. de Proulereoy, élève de première classe. Je m’embarquai avec M. Joinville ; et conduits à la rame par huit matelots expérimentés et courageux, en moins d’une heure, nous arrivâmes sur les brisans ; nous reconnûmes que ceux-ci étaient produits par la lame qui venait frapper avec force contre une plage courte et terminée brusquement par une pente rapide, et non par des roches solides. L’eau vert-jaunâtre dans laquelle nous étions, et qui était couverte d’une écume rousse, avait une saveur sensiblement acide, ou du moins moins amère que celle de la grande mer ; sa température était aussi plus élevée, mais de quelques degrés seulement (de 21 à 23°). Nous sondâmes à environ trente brasses du rivage, et nous trouvâmes le fond à quarante ou cinquante.

Nous nous étions dirigés vers le seul point où de la surface de l’île on peut descendre par une pente douce vers la mer.

Les vagues roulaient sur elles-mêmes, en s’élevant à douze et quinze pieds, lorsqu’elles frappaient le rivage. À trente pieds sur notre gauche, ces vagues semblaient s’élancer en vapeur dans l’atmosphère ; à une pareille distance à droite, la mer semblait briser sur un banc qui se serait étendu à plus d’un mille au large. Les marins pensèrent, d’un commun accord, qu’il y aurait imprudence à tenter le débarquement dans ce moment, et qu’inévitablement l’embarcation chavirerait.

Nous n’étions qu’à quarante brasses de l’île ; je pus bien, à cette distance, me convaincre qu’au moins, pour la partie que nous avions sous les yeux, l’île était formée de matières meubles et pulvérulentes (cendres, scories), qui étaient retombées, après avoir été projetées en l’air pendant les éruptions.

Je n’aperçus aucuns indices de roches solides soulevées ; mais je reconnus bien distinctement l’existence d’un cratère en entonnoir, presque central, duquel s’élevaient d’épaisses