à vapeur, la lithographie, la musique de Rossini, l’éclairage au gaz… Elle est surtout l’expression d’une société sans conscience aucune. J’aime Jésus-Christ en Flandre, j’aime ce cortège imposant des hommes de foi et de volonté qui marchent sur la mer ; quel dommage que l’auteur ne puisse pas s’empêcher de sourire en nous racontant ce beau conte de fées ! Notre âme est-elle en proie au désespoir ? Nous entrons dans une Église… non pour y épancher notre âme, pour y répandre nos larmes et nos prières, mais pour y dormir, pour y avoir un cauchemar très-poétique sans doute, mais fort peu orthodoxe, et pour nous fâcher contre le bedeau à figure horrible qui se permettra de nous réveiller. Si l’on nous parle de l’Italie et du pape, ce sera « de cette Italie de Borgia, où la religion et la débauche s’accouplaient alors si bien, que la religion était devenue une débauche, et la débauche une religion. » Notre époque se reflète dans ces historiettes fantastiques, avec ses inconséquences et ses contrastes, son prosaïsme poétique, son incrédulité superstitieuse et fataliste ; avec ses velléités de vertu et son égoïsme profond, seule base de l’édifice social actuel. On ne croira pas à l’immortalité de l’âme, mais on sera iconoclaste, et la divinité du Sauveur vous sera presque démontrée d’après je ne sais quelle belle peinture. Un jeune débauché croira qu’il n’y a qu’un père éternel, et que le malheur a voulu que ce fût le sien ! Voulez-vous assister à une canonisation ou à une orgie comme on ne voit pas d’orgie ni de canonisation ? Suivez M. de Balzac, il va partout.
Peut-être M. de Balzac ne croit-il pas lui-même la débauche si grandiose, si déifiée ; le suicide si goguenard, si bouffon ; l’anarchie des croyances et des opinions si complète ; peut-être M. de Balzac est-il un grand mystificateur… En tout cas, on se laisse attraper de bonne grâce, on va au-devant, on est complice de la mystification, et s’il se moque du lecteur, le lecteur ne le lui rend jamais. Quelquefois, dans une de ces boutades de familiarité qu’on croit pouvoir se permettre in petto, avec un auteur dont on recherche avidement