Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
VOYAGES.

méritait à tous les égards cette distinction par son excellente conduite, et le bel exemple qu’il avait constamment donné à ses camarades. Je profitai de cette occasion pour adresser à tous les hommes de l’équipage une courte allocution, dans laquelle je les exhortai à se montrer fermes à leur poste, et à bien faire leur devoir, quels que fussent les événemens.

À quatre heures et demie, nous vîmes une pirogue qui s’approchait du navire avec trois Anglais, et peu après un quatrième se montra sur la pointe de Pangaï-Modou. Un canot du bord fut envoyé pour le prendre. Ces gens, dont deux étaient le charpentier et le forgeron des missionnaires, m’apportaient des lettres de M. Thomas, écrites à peu de distance l’une de l’autre. Le porteur de la première était venu par terre, aucun naturel n’ayant osé l’amener à bord, et c’était lui qui avait paru sur Pangaï-Modou.

M. Thomas me mandait que les naturels se repentaient de leur perfidie à mon égard ; qu’ils craignaient que je ne voulusse détruire leurs faï-tokas (tombeaux) à Mafanga, et qu’ils avaient eu recours aux missionnaires pour les prier d’intercéder en leur faveur près de moi. En conséquence, il me priait de suspendre les hostilités, et me promettait, au nom des chefs, que les prisonniers seraient immédiatement remis au canot qui irait les chercher à Mafanga.

Dans ma réponse à M. Thomas, je lui peignis la conduite infâme de Tahofa, qui avait payé de la plus noire ingratitude et de la plus atroce perfidie toutes les bontés que nous avions eues pour lui ; j’ajoutai qu’il méritait tout le poids de notre vengeance, mais que je consentais cependant à tout oublier, et même à quitter sur-le-champ l’île, aussitôt que tous les

    deux ans tant auprès des ministres de la révolution que de ceux de la restauration. Cependant j’ai toujours cru et je crois encore que les fatigues, les privations, et les dangers sans nombre, et peut-être sans exemple, endurés par tous ceux qui ont fait la campagne de l’Astrolabe, méritaient qu’on prêtât un peu plus d’attention à mes justes réclamations en faveur de mes compagnons de voyage.