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LITTÉRATURE.

saient stoïquement brûler ; pas une place n’était désertée, pas une vacante.

Il est bon de savoir que l’entreprise des courses de taureaux est concédée au profit des hospices. — Or les hospices dépensent annuellement le produit de ces courses à soigner et guérir, s’il y a lieu, les aficionados[1] du tendido, qui gagnent au soleil des fièvres cérébrales, des maladies inflammatoires.

Voyez l’habile combinaison ! —

Ce jour-là, le roi, la reine et les infants devaient assister à la course. La loge royale était préparée et tendue de draperies rouges à franges d’or.

Pour commencer, on attendait donc le roi, qui devait commander la place. — C’était d’un excellent augure pour les amateurs, car le roi étant lui-même amateur éclairé, on était sûr que la course serait parfaitement dirigée.

Une course de taureau a quelques rapports avec une assemblée délibérante, en ce sens qu’il n’est pas moins important qu’elle soit habilement conduite et présidée.

On venait d’entendre les tambours battre aux champs. — Les voitures de la cour arrivaient. Bientôt le roi entra dans sa loge, tenant par la main la jeune et gracieuse reine, et suivi des infants et des infantes, pendant que la musique du cirque jouait à grand orchestre les airs nationaux : El Contrabandista et la Cachucha. Le roi était vêtu de noir : il se découvrit et salua plusieurs fois les loges, les gradas cubiertas[2] et le tendido, qui l’avaient reçu avec acclamations. — Dès qu’il se fut placé, la course commença.

Un escadron de chasseurs à cheval avait déjà fait sortir de l’arène ce qu’il y restait encore de peuple.

Les alguazils à cheval, la baguette à la main, précédés de leur chef, el alguacil mayor, introduisirent bientôt les toreros.

  1. Les amateurs.
  2. L’amphithéâtre couvert qui règne au-dessus du tendido.