les nuances sont si délicates, qu’elles ne peuvent être saisies que par ceux qui ont vécu en Chine.
Leur littérature est fort riche en poésie, et surtout en romans et en nouvelles.
Leur musique est inférieure à celle des Arabes, des Persans et des Hindous ; et c’est le seul peuple que j’aie vu qui ne danse pas.
L’agriculture est très-honorée des Chinois, et fait leur principale richesse. Rien n’est plus curieux que leurs jardins, et les moyens qu’ils emploient pour enter divers fruits à noyaux sur des arbres à pépins, et vice versâ.
Ils connaissaient l’imprimerie en planches gravées, la poudre à canon, les bombes, les feux d’artifice, les télégraphes, les puits salins et les puits à feu, la boussole (ting-nan-ching), l’art dramatique, etc., bien long-temps avant les Européens. Rien n’égale l’élégance de leurs sanpans (bateaux), la solidité de leurs porcelaines, la beauté de leurs laques, de leurs ponts et de leurs canaux.
Il ne manque peut-être aux Chinois, pour être le premier des peuples, que d’avoir formé des colonies protectrices de l’excédant de leur population, d’avoir favorisé la liberté de la pensée et la liberté d’innover : alors ils n’auraient pas été soumis par les Mandchous ; ils auraient perfectionné leurs arts, qui sont restés stationnaires, et ils seraient plus heureux. Mais ce sentiment sacré de la liberté existe aussi dans leur âme. La société secrète de la Triade et celle du Nénuphar reconnaissent un chef chinois que la police mandchoue n’a pu encore découvrir ; ces sociétés ont pour but de secouer le joug des barbares, et de prouver combien la haine de la domination étrangère est invétérée dans le cœur des patriotes chinois. La révolte du Tâtar Chang-ki-ouih les seconde ; malgré les échecs qu’il a éprouvés, cette guerre n’est pas terminée ; si les insurgés du Cashgar sont vaincus, les sociétés secrètes ont dans Chaou-You-Long un chef fort, brave, patient et habile ; et, avec de l’union et le temps, les Chinois pourront secouer l’autorité des chaînes et du bambou.