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LE


Bonnet du Maître La Joie.


À la bonne heure, c’est un hasard, mais ça est.
Ritsborn li Ton, Wostook.


C’était, je crois, en 1819, il me manquait un homme pour compléter mon équipage, et alors les matelots se recrutaient difficilement à Brest, car on armait beaucoup pour la marine militaire.

Un capitaine de frégate de mes amis m’enseigna l’auberge d’Yvon Polard, un des plus grands embaucheurs de recouvrance.

En vérité ce sont des gens fort utiles que les embaucheurs, ils accueillent chez eux les matelots sans service et sans pain, les hébergent, les choyent, les engraissent, et vienne un capitaine cherchant un équipage, il s’entend avec l’embaucheur, choisit ses hommes, et paie généreusement leurs dettes à l’hôte sur les avances que chaque matelot doit recevoir au jour de l’embarquement.

C’est donc jusqu’à un certain point la traite des blancs.

Or, j’allai trouver Yvon Polard, rue de la Souris, à son auberge du Chasse-Marée ; la rue de la Souris est infecte, étroite et sombre, il faut descendre huit ou dix marches pour arriver dans la salle-basse de l’hôtellerie ; et cette es-