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DÉVELOPPEMENT DU GENRE HUMAIN.

Védas dans le déisme pur, et la concilier avec la pensée juive et chrétienne qui domine dans l’arianisme de la secte mahométane. L’empereur Acbar partait des mêmes principes dans la religion nouvelle qu’il projetait.

Quant aux arts, le paganisme patriarcal a produit souvent le colossal, parfois le beau, et toujours le naïf, quoiqu’il n’ait pas dédaigné les plus grandes extravagances. En lui repose l’union la plus absolue de la poésie et de la philosophie qui dorment et rêvent dans leur berceau commun. Le paganisme héroïque a aspiré à l’idéal, produisant le beau sous les formes du corps humain, en lequel se reflétait une physionomie divine ; cela a eu lieu chez les Grecs surtout. Quant au paganisme théosophique, il a élevé de vastes édifices à la structure hardie, mais le beau ne lui a pas été révélé dans les arts. La mythologie des Bouddhistes est laide et anti-poétique, comme celle des gnostiques. Il y a là des personnifications d’idées abstraites et un emploi arbitraire de la fable ancienne, à laquelle les théosophes ne croient plus. En revanche, le moral de l’homme y paraît dans une plus grande indépendance. Ce n’est pas l’idéal de la religion héroïque, ni la naïveté de la croyance patriarcale. C’est une morale qui a conscience d’elle-même, et s’ennoblit dans son humilité. Jamais, à aucune époque, le genre humain n’a été privé de la conscience ; mais cette conscience, n’ayant pas encore réfléchi sur elle-même, n’avait pas encore appris à méditer dans l’intimité de l’amour, jusqu’au temps où la théosophie l’en instruisit.

Comme religion, le paganisme pouvait contenir toutes les vérités utiles au genre humain, mais il lui manquait la présence réelle, l’absorption de l’homme dans la substance même de la nature divine. Il le sentait si