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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

ville, après avoir parcouru une belle existence, depuis l’époque des Erechthéides et de leurs affiliés, les Boutades, pontifes d’Athéné Boudeia, protectrice de la cité, jusqu’à l’apogée de la religion dionysiaque, au temps des Pisistratides.

Chez les Grecs, le paganisme se perpétua comme art et comme poésie, après avoir cessé de se produire dans les formes de l’État. Concentré dans l’institution des mystères, il y adopta peu à peu un syncrétisme symbolique, que l’école stoïcienne a raffiné, et sur lequel les Néoplatoniciens vinrent enchérir. Le paganisme de Julien l’Apostat n’était plus que de l’allégorie qui avait perdu toute sève antique. Tout y avait été rapproché, assimilé, mais il n’y avait là ni la simplicité des temps antiques, ni l’enthousiasme des héros, ni la profondeur mystique des théosophes dans le genre d’Épiménide, hommes qui avaient organisé la vie que l’on appelait orphique, et qu’Onomacrite avait faussé déjà au temps des Pisistratides. Avec Euripide cessa jadis le respect pour l’authenticité de la fable antique ; et dès son temps les poètes la traitèrent en rhéteurs et en sophistes, arbitrairement, au profit de leurs systèmes ou au gré de leur imagination.

Dans l’Inde, la tendance du paganisme demeura plus profonde. Sancara-Acharya, Ramanuja et autres sectaires renouvelèrent, du ixe au xiie siècle de notre ère, les doctrines du sivaïsme, du vishnouvisme et les systèmes des Sactis, conférant à ces croyances le caractère mystique le plus exalté. Mais cette veine depuis long-temps est épuisée. La doctrine de Nanak, pleine de sagesse orientale, n’est plus du paganisme ; c’est un effort raisonné, parfois sublime, d’une charité, d’une chaleur d’âme profondes, pour faire rentrer la religion des