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DÉVELOPPEMENT DU GENRE HUMAIN.

bientôt les Kshatriyas, qui avaient embrassé cette cause, la désertèrent quand ils virent le bouddhisme saper les fondemens de leur domination guerrière. Réfugiée chez les Vaisyas et parmi les Soudras, la religion bouddhique y fut décidément vaincue, et forcée de s’expatrier après mille ans de chances inégales. Si l’Inde tout entière avait été bouddhiste, depuis long-temps elle serait chrétienne.

C’est indisible ce que le bouddhisme a tenté de s’assimiler en fait de croyances. Les opérations de cette religion sur la doctrine des Mages ont eu leur contrecoup dans les efforts des Gnostiques de l’école persano-syrienne, qui avaient voulu s’assimiler le christianisme, en le rendant persan ou indien. Le manichéisme offre un amalgame complet des élémens de la religion persane, bouddhiste et chrétienne. Enfin, le nestorianisme s’est incorporé au bouddhisme dans la Haute-Tartarie, et la religion du Dalaï-Lama est le produit d’une combinaison de toutes ces croyances. C’est ce qu’ont prouvé à fond les doctes recherches de M. Abel Rémusat.

Telles sont les trois grandes phases du développement de la nature païenne durant l’époque des dieux, des demi-dieux et des sages. Les causes qui les ont engendrées ont cessé depuis long-temps de produire. Le paganisme théosophique manifesta ses derniers efforts dans la conversion du peuple mogol, qui, adoptant la religion du Dalaï-Lama, revêtit un caractère éminemment pacifique. Le paganisme héroïque est mort avec les Germains qui l’avaient poussé à l’extrême. L’Othinisme Scandinave en offrit l’épreuve la plus grandiose. Quand Athènes consomma son organisation démocratique au temps de Clisthènes, le principe de la religion cosmogonique ne produisait plus rien dans cette