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ANECDOTES


HISTORIQUES ET POLITIQUES SUR ALGER[1].

MILLE ET DEUXIÈME NUIT.

Vers la fin de la mille et deuxième nuit, la prudente Dinarzade éveilla sa sœur, et Shéhérazade, avec la permission du Sultan, commença aussitôt de cette sorte :

« Il y avait une fois un vieux roi, sectateur d’Issa, qui régnait sur la plus belle contrée du monde, et sur le peuple le plus aimable de la terre. Il avait des ambassadeurs par tout l’univers, et entre autres endroits, dans un port de l’Orient où régnait un autre vieux roi nommé le Dey, sur un tout petit peuple de croyans, dont l’usage immémorial était d’enlever les marchands, les jeunes filles, les jeunes garçons et les archevêques de tous les rois et les empereurs infidèles, qui n’osèrent jamais s’en venger, parce que le dey était protégé par Mahomet, et qu’ils le savaient bien ; comme ils savent que le monde est carré, et que Votre Hautesse, ô très-puissant Sultan, est assise au milieu, ayant aux quatre coins l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique, dont vous disposez à votre gré, transportant les rois d’un trône à l’autre, selon qu’ils se sont bien ou mal conduits à votre égard.

  1. Par M. Merle, secrétaire particulier de M. de Bourmont, pendant la campagne d’Afrique. Chez Dentu, Palais-Royal.