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LITTÉRATURE.


Scène VI.


Le palais du roi.


La Comtesse.

Voici l’heure de ma dernière révélation. Point d’hésitation, point de faiblesse… (S’approchant d’une fenêtre.) Un bûcher pour moi !… Sa vue ne peut rien sur mon cœur !… Il est ferme… mais je redoute ce coup pour mon fils ; il n’acceptera pas sa grâce si chèrement payée… et mon sacrifice aura été inutile… Il n’est qu’un moyen de le lui faire accepter… je vais l’employer.

(Entre don Félix.)
La Comtesse.

C’est vous, don Félix ; le roi va venir, toute la cour l’accompagnera ; vous allez être hautement disculpé ; mais promettez-moi qu’aussitôt cette révélation prononcée, vous partirez pour l’Espagne. Le roi a commué votre arrêt de mort en un exil qui ne sera point éternel ; mais vous partirez sur-le-champ.

Don Félix.

Je partirai… mais non pour l’Espagne.

La Comtesse.

Comment !

Don Félix.

Pour le ciel ou l’enfer.

La Comtesse.

Que dites-vous ?

Don Félix.

Souvenez-vous de ce que je vous disais il y a deux jours : « Vous m’avez sauvé la vie au péril de la vôtre ; si jamais il fallait que quelqu’un mourût pour vous, votre fils ne l’oubliera pas. Je vous le dis aujourd’hui seize août treize cent soixante-cinq… » Nous sommes au dix-huit, ma mère, et