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LITTÉRATURE.

La Comtesse.

Voilà donc la cause du redoublement de haine qui a éclaté entre eux !… Ah ! je crains tout du caractère altier et inébranlable du comte, de l’âme vive et ardente de don Félix. Que va-t-il arriver, bon Dieu !… Mon fils est déjà irrité contre mon mari pour sa conduite envers moi ; celle qu’il tient à votre égard l’irritera plus encore.

Dona Maria.

C’est à vous de lui représenter le scandale auquel il donne lieu, le danger auquel il s’expose… Dites-lui ce qu’il sait déjà, mais qui, dans votre bouche, aura plus d’autorité que dans la nôtre. Dites-lui que don Félix et moi nous nous aimons, que nous voulons être unis, et que nous recourrons à tous les moyens pour cela. J’entends du bruit : on vient ; c’est le comte. Adieu ; vous sentez que je suis de trop ici.

(Entre le comte. Dona Maria le salue froidement, et sort.)
Le Comte.

Quel adieu glacé me donne la belle senora. (Regardant la comtesse.) Je sais à qui je dois un tel traitement… Comtesse, prenez garde à vous ; je n’aime pas qu’on se joue de moi.

La Comtesse.

Des reproches à moi… à moi… seigneur comte ! Lequel de nous deux aurait, dans ce moment, le droit d’en faire à l’autre ?

Le Comte.

Le droit d’en faire à l’autre ! Vrai Dieu, est-ce que je veille ?… Vous croyez avoir quelque droit contre moi, vous que je laisse vivre !… Oh ! ceci est trop fort… (Il sapproche de la fenêtre.) Ah ! voici la belle dona Maria qui rencontre son fidèle amant, votre fils… Elle lui donne sa main à baiser, à lui… elle lui parle long-temps… Oh ! tout ceci commence à me fatiguer. Don Félix monte… je veux en finir avec lui… Sortez, comtesse.

La Comtesse.

Seigneur comte…