lère que cela ne le regardait pas : « Adressez-vous, disait-il, au généralissime, je ne suis ici que comme volontaire ; ne suis-je pas d’ailleurs un traître, un misérable ! Je ne veux me mêler de rien. » Deux membres du gouvernement national, Czartoryski et Barzykowski, qui visitèrent le champ de bataille au plus fort de la mêlée, cherchèrent vainement, dans une entrevue qu’ils eurent avec Radziwill, à étouffer ces dissensions, qui paralysaient l’élan de l’armée.
Cependant le général Uminski, prisonnier d’état dans la forteresse prussienne de Glogow, parvint à tromper la vigilance de ses gardiens, et arriva le 21 février à Varsovie. Il courut aussitôt à l’armée, qu’il trouva dans l’état le plus déplorable. La mésintelligence venait d’y éclater entre Radziwill et Krukowiecki à l’occasion de l’entrevue de celui-ci avec le général russe Witt. On parlait de nommer un autre généralissime ; quelques-uns même projetaient le massacre de tout son état-major, composé en grande partie de créatures russes. Le gouvernement national, représenté par trois de ses membres, Czartoryski, Sarzykowski et Lelewel, se rendit au quartier-général pour inviter le généralissime à destituer les officiers qui n’avaient pas la confiance de l’armée. Radziwill les accueillit avec déférence, mais se refusa positivement à leur demande. Le gouvernement la renouvela par écrit, mais Radziwill persista dans son refus. Enfin le canon mit encore une fois un terme à toutes ces divisions ; et, le 25 janvier, eurent lieu à la fois et la glorieuse expédition du colonel Lagowski à Pulawy, à trente lieues de la capitale, et la bataille générale de Grochow.
Krukowiecki et Uminski s’avancèrent vers Bialolenka pour empêcher l’aile droite de l’ennemi, commandée par Schakhoffskoï, de passer la Vistule sur la glace. Ils remportèrent une victoire complète ; mais, par les ordres de Chlopicki ou de Radziwill, on ne sait lequel des deux, ils se replièrent sur Praga, et laissèrent Schakhoffskoï effectuer sa jonction avec le gros de l’armée de Diebitch. Cependant le carnage était affreux à l’aile droite des Polonais ; leur