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RÉVOLUTION POLONAISE.

but de maintenir la charte de 1815. La diète donc, sans cesse inquiétée par la turbulence des romantiques, s’occupa de la formation du nouveau gouvernement. Les uns voulaient remettre les rênes de l’état au conseil des ministres ; les autres, soumettre les ministres eux-mêmes à une autorité supérieure confiée à trois, cinq ou sept personnes. Le second avis prévalut ; le nonce de Sandomir, Swidzinski, rédigea le projet, et la loi fut portée par les deux chambres réunies le 29 janvier.

La charte octroyée de 1815 était conservée, moins les articles qui unissaient la Pologne à la Russie, et qui établissaient les droits de la famille des Romanoff, ou plutôt des Holstein-Gottorpp ; l’autorité suprême de l’état était confiée pendant l’interrègne au gouvernement national. « Ce gouvernement, dit l’article 5 de la loi, sera composé d’un président et de quatre membres ; ils ne peuvent remplir aucun emploi salarié, et, s’ils sont sénateurs ou membres de la chambre des nonces, ils ne pourront siéger dans les chambres pendant toute la durée de leurs nouvelles fonctions. Celui dont l’élection aura réuni le plus de voix remplacera le président en cas d’absence. Les travaux du gouvernement ne peuvent être discutés qu’en présence de trois membres, et toutes ses décisions seront prises à la pluralité des voix. En cas de parité de voix, ou quand le général en chef de l’armée, conformément à la loi du 23 janvier 1831, voudra prendre sa place au gouvernement, le membre qui, à son élection, avait le moins de voix, sera obligé de se retirer. »

On procéda le lendemain à la nomination du président et des membres du nouveau gouvernement. L’opinion publique désignait Lelewel pour chef de l’état, et il avait pour lui une immense majorité dans la diète. On voyait en lui le véritable représentant de la révolution ; sa réputation avait triomphé des intrigues ; sa fermeté, son sang-froid au milieu des passions de tous les partis, ses services enfin et ses vastes