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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

de Nicolas le rôle d’un aussi bon Russe, qu’il avait joué à Varsovie celui de bon Polonais.

Ce discours, qui montrait clairement la duplicité de Lubecki, fut bien accueilli par la diète ; le seul nonce Jean Ledochowski interrompit l’orateur en lui reprochant d’être trop favorable encore au traître Lubecki.

Telles étaient les occupations de la diète à la séance du 25 janvier, lorsqu’on se rappela que quatre jours auparavant le nonce Romain Soltyk avait présenté un projet de loi pour déclarer la famille des Romanoff déchue du trône de Pologne.

« Éclairés par les communications que vient de nous faire le comité diplomatique, et par la proclamation du maréchal Diebitch, dit à cette occasion le maréchal Ostrowski, nous avons maintenant la persuasion que sans guerre nous ne pouvons atteindre le but de notre révolution. Pour remettre la nation affranchie sous le joug qu’elle vient de briser, le czar fait envahir la terre de Pologne par ses hordes innombrables. Ce n’est pas la première fois que les os des Tartares ont blanchi nos champs, que leur sang les a fécondés. La peur ou une honteuse habitude nous ferait-elle un devoir de respecter dans Nicolas notre prince légitime ? Non ; le premier il a violé le serment que nous avait imposé la force. Celui que nous avions jadis prêté aux Piastes, aux Jagellons, à nos rois électifs, ne nous lie plus à Nicolas. Que l’Europe cesse de voir en nous des sujets révoltés ; qu’elle reconnaisse en nous une nation indépendante, existant d’après des lois qu’elle a reçues de Dieu. Je propose donc que les commissions de la diète s’occupent sur-le-champ du projet du nonce Romain Soltyk, et qu’une loi prononce la déchéance de la dynastie des Romanoff et notre séparation de l’empire moscovite. »

Ce discours excita l’enthousiasme de l’assemblée, et le nonce Wolowski proposa de proclamer sur-le-champ l’indépendance de la nation polonaise. — « Déclarons tous, s’écria » aussi Jean Ledochowski, que Nicolas n’est plus notre roi.»