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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

société patriotique. Prenant pour la première fois sa place de président, Lelewel exhorta ses amis à s’abstenir d’hostilités envers la diète ; il fut écouté et applaudi avec enthousiasme, mais il ne réussit pas à changer les dispositions des romantiques.

Cependant la société patriotique adressa à la diète, par l’intermédiaire de son vice-président, le nonce Romain Soltyk, une note où elle déclarait, dans les termes les plus convenables, que son but unique était « de seconder les travaux des chambres législatives par tous les moyens qu’approuvait et conseillait le plus pur patriotisme. » Mais la diète, voyant toujours dans cette société les romantiques de la Nouvelle-Pologne, regarda cette démarche comme un acte d’insolence ; elle refusa de répondre à des gens qui voulaient, disait-elle, imposer leurs idées prématurées aux représentans de la nation. Ce refus offensa le club, mais nous ne comprenons pas pourquoi, ni la société, ni son président Lelewel, ne désavouèrent pas les exagérations des romantiques, se mettant ainsi à l’abri de tout reproche, et repoussant toute responsabilité[1]. Ils eurent sans doute égard aux grands talens qui brillaient parmi eux, et aux services éminens qu’ils avaient rendus à la révolution.

La diète, dans sa séance du 24 janvier, examina toutes les démarches du gouvernement ; on lut publiquement toute la correspondance du dictateur avec le czar, et celle de Lubecki avec le ministère russe, avant la journée du 29 novembre. On acquit ainsi la certitude que les troupes polonaises devaient marcher avec les Russes contre la France. Un cri d’indignation s’éleva contre Chlopicki, Jezierski et Lubecki. On soupçonnait même ce dernier, quoique sans

  1. Adam Gurowski, pour effrayer quelques hauts personnages, avait publié un article où il exaltait Danton, et invitait tous les bons citoyens de la Pologne à l’imiter, s’ils voulaient sauver la liberté. Nous n’avons pas besoin de dire que de pareilles idées trouvèrent peu de sympathie.