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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

rivaux les trompèrent, et s’approprièrent l’autre boisson. De là, le nom de Souras, donné aux Devas parce qu’ils avaient goûté de ce qui donne la vie éternelle, et le nom d’Asouras, donné aux Daityas, qui en avaient été privés. Le grand Bali (Maha-Bali) commandait les Asouras, dont je suis bien loin de faire des Syriens ou Assyriens ; mais le nom de Bali indique le culte et la puissance de Bal. Ce Bali enleva à Vishnou la Terre, son épouse, la bienheureuse déesse de l’abondance, mais Vishnou la délivra. Fable abondante en symboles, et qui n’en a pas moins un fondement historique dans le combat entre deux sectes ennemies. C’est un conflit des religions chaldéenne et bactrienne.

Entre la conquête et l’affranchissement de la Bactriane, s’écoule une époque où se forment ces nombreuses croyances du Caboul et du Candahar, que les Brahmanes et les Kshatriyas ont propagées dans l’Inde. Ce sont les cultes de Siva et de Vishnou, c’est surtout le culte de la divinité femelle qui se manifeste, soit dans la religion de Siva, soit dans celle de Vishnou. Le sivaïsme, plus ancien que les autres systèmes, a enté sur la doctrine bactrienne celle des Coushites ; il se transforma à l’infini dans son siége primitif, au sein des montagnes du nord de l’Inde, depuis le pays de Kashmir jusqu’aux sources de la Yamouna et du Gange. Modifié par des croyances locales et une nature tropique qui contraste avec celle de l’Himalaya, le sivaïsme des monts Vindhya et de la Péninsule porte un tout autre caractère.

L’opposition de la religion védaïque contre le sivaïsme a dû éclater dès une très-haute antiquité. Obligés de capituler, les Brahmanes conservèrent les Védas, mais le culte public de Brahma fut aboli, et remplacé par