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Bulletin bibliograpique.

Histoire Romaine, par M. Michelet ; 1re partie : la République, 2 volumes in-8o. Librairie classique de L. Hachette, n. 21, rue Pierre-Sarrasin.

Depuis la fondation de Rome jusqu’à Caton, il n’y avait pas encore d’histoire romaine. Sénèque pense qu’elle avait été confiée à des pontifes ; mais comme les paroles de ces pontifes n’étaient pas encore infaillibles, il s’en est suivi qu’après avoir réuni des monumens épars et presque indéchiffrables sur les premiers temps de cette ville, qui était destinée à devenir l’empire romain, on ne nous a laissé que des conjectures à imaginer, que des ténèbres à débrouiller, que des fictions à expliquer ; et cependant ce n’est pas faute d’avoir écrit sur Rome qu’on n’est pas parvenu à éclaircir son origine. Depuis Caton, les historiens ont bien pris leur revanche du silence gardé avant lui. Aussi un nouvel ouvrage sur Rome nous paraissait-il devoir être une nouvelle vétusté, si le nom de M. Michelet n’eût rassuré nos craintes : or, nous avons été récompensés bien largement de notre confiance. Science profonde, style pittoresque et animé, réflexions philosophiques d’un homme consciencieux : telles sont les qualités qui distinguent l’ouvrage de M. Michelet.

Avant que d’écrire l’histoire de l’antique Rome, l’auteur a voulu voir par lui-même le théâtre des faits qu’il allait retracer. Il a visité l’Italie. Son chapitre sur l’Italie moderne est plein de charme : nous dirions presque que c’est un poème, si les notes, si les recherches savantes dont se compose cet ouvrage ne démontraient au lecteur tout ce qu’il a fallu d’études consciencieuses à M. Michelet pour écrire une histoire dont certaines parties sont du domaine de la poésie la plus pure et la mieux inspirée.

L’auteur envisage Rome sous trois points de vue : Rome républicaine, guerrière et esclave. Depuis Brutus jusqu’aux guerres