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LITTÉRATURE.

— Zimram, dit-il d’une voix forte et assurée, avez-vous bien réfléchi ? La résolution de rompre avec votre femme est-elle bien arrêtée ?

— Oui, répondit l’époux froidement.

Un soupir se fit entendre près de lui, Zimram tressaillit.

— Quels sont vos motifs ? ajoute le grand-prêtre.

— Ils sont contenus dans l’acte de divorce.

Alors l’acte de divorce fut remis au grand-prêtre, et le grand-prêtre lut à haute voix :

« Qu’un homme avait pénétré furtivement, et de nuit, dans la maison de Zimram, que cet homme y était demeuré deux heures, et que la femme de Zimram l’avait aidé dans sa fuite. Deux témoins affirmaient le fait, et sans autre preuve, Zimram demandait le divorce, abandonnant sa femme à la justice des lois. »

Pendant la lecture, le plus grand silence avait régné ; seulement un bruit léger, comme celui d’un soupir qu’on étouffe, s’était fait entendre par intervalles, près de l’époux outragé.

Le grand-prêtre lut la signature des témoins, et se tourna ensuite vers le scribe :

— Assir, est-ce vous qui avez écrit cette déclaration ?

— Oui, seigneur.

— L’avez-vous écrite sur du parchemin fourni par le futur divorcé ?

— Oui seigneur.

— Vous êtes-vous servi pour cela de sa plume et de son encre ?

— Oui, seigneur.

Le grand-prêtre se retourna vers les témoins, qui confirmèrent les paroles d’Assir. Il s’adressa ensuite à la femme voilée.

— Femme de Zimram, levez votre voile.

Elle obéit ; son voile tombe lentement, et à mesure découvre un front rouge de pudeur, des yeux baissés et pleins de larmes ; sa taille frêle et flexible est doucement inclinée vers la terre, dans une attitude douloureuse. Elle a seize ans, la pauvre femme !…