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ÉPOPÉE DES BOHÊMES.

« Un soupir du vent sort du bois ; il se hâte vers une jeune fille ; il se hâte vers le ruisseau ;

» Elle puise l’eau dans un seau aux cercles de fer ! le flot apporte à la jeune fille un bouquet,

» Un bouquet odorant de violette et de roses. La jeune fille se penche pour cueillir le bouquet. Malheur ! voilà qu’elle tombe dans l’eau glacée.

» Toi, fleur odorante, si je savais qui t’a semée dans une terre légère, je donnerais volontiers mon anneau d’or,

» Charmant bouquet, si je savais qui t’a lié avec une écorce nouvelle, je donnerais volontiers l’aiguille de mes cheveux.

» Toi, beau bouquet, si je savais qui t’a jeté dans le ruisseau glacé, je donnerais volontiers la guirlande de ma tête. »

LE CERF.

« Un cerf erre à travers monts et forêts, il bondit tout à l’entour dans le pays, il erre çà et là à travers monts et vallées, il porte au loin sa belle ramure. Avec sa riche ramure il entre dans les broussailles, il s’élance dans les bois en sauts rapides.

» Voyez ! Un jeune homme erre à travers la montagne, il s’élance à de rudes combats à travers la vallée, il élève ses orgueilleuses armes ; avec ses orgueilleuses armes, il brise une foule d’ennemis.

» Loin d’ici, jeune homme de la montagne ! À l’improviste l’ennemi sauvage s’élance contre lui ; contre lui à l’improviste ils roulent leurs yeux sinistres qui étincellent de colère ; ils lui frappent la poitrine de leurs furieuses haches d’armes, et les bois tremblans murmurent de tremblans gémissemens ; que son âme s’en aille, sa douce âme de jeune homme !

» À travers son beau cou penché, elle s’enfuit ; à travers son cou pur, sur ses lèvres rosées.

» Voyez ! Il est étendu là ; avec son sang chaud son âme